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# Pratiques artistiques et figures Éthiques ## Sorcières, Hackers, Pirates et moines copistes *Atelier à la Fabrique Théatre - 2022* <style > text{ color:red; }</style> Entre 1960 et 69 s'imposait le concept d'"art contemporain", il permit de relire et d'apréhender des expériences et des créations qui ont commencé cinquante ans plus tôt avec les fameux "ready made" de Duchamp, dont on sentait qu'ils ne relevaient pas ou pas complètement du "Moderne" mais sans réussir pour autant. De la même manière, aujourd'hui, de nombreuses expériences de création ne peuvent se lire avec seulement les filtres existants. Le but de cet atelier est de proposer par l'échange et la pratique autour de figures "résistantes", de produire de nouveaux filtres de lecture (est)éthiques plus en accord avec si ce n'est "la fin du monde", au moins avec "la fin de la conquète". **Culture Hacker** En 1984, le mot "Hacker" apparaissait dans le livre de Steven Levy ["Hackers, heroes of the computer revolution"](https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89thique_des_hackers). Il y décrit le détournement des automates à cartes perforées (sortes d'ancètres de nos ordinateurs actuels) par les membres du club des petits trains électriques de l'université du MIT à partir de la fin des années 1950. À ces énormes machines qui ne servaient jusqu'alors qu'à faire des statistiques, nos "Hackers" comme ils se nomment eux-même font faire des jeux vidéos, de la musique ou encore des prouesses techniques en écrivant l'algorithme le plus court pour faire une division avec un système binaire. Pour se faire ils n'hésitent pas à enfreindre les interdictions, et crocheter forcer les serrures... Mais contrairement aux ingénieurs et chercheurs qui utilisent ces systèmes de manière "orthodoxe", ils partagent leur code et ne comprennent pas qu'il puisse en être autrement, puisque ce partage ne coûte rien et enrichit tout le monde. Steven Levy y voit une éthique qu'il formalisera dans son livre. Quelques années plus tard naisaient les premiers logiciels sous licences libres, ceux-à même qui assurent le bon fonctionnement des internets, et qui permettent aujourd'hui de créer librement tout en échappant à une grande partie de la surveillance et du contrôle exercé par nombre d'organisations étatiques et non-étatiques. **Les pirates** Dans son livre [Pirates de tous les pays](https://editionslibertalia.com/catalogue/poche/pirates-de-tous-les-pays), Marcus Rediker, historien relit le mythe de la piraterie à la lumière des archives. On y découvre un monde plus complexe que la caricature de barbares sanguinaires attribuée à ces marins un peu particuliers. En effet un siècle environ avant que nos premiers intellectuels occidentaux ne commencent à se questionner sur l'esclavage, des pirates le rejetaient, ne comprenaient pas les différences basées sur la couleur ou le sexe, avec même des femmes capitaines. Spécialistes de l'auto-gestion, comme les hackers, ils peuvent enfreindre les lois surtout lorsqu'il s'agit de combattre le contrôle des êtres humains. **Les sorcières** Au 16ème siècle, Henry IV fit dépécher un inquisiteur au pays basque qui fit brûler de nombreuses femmes sous prétexte de sorcellerie. Aujourd'hui, on se rend compte que les raisons réelles de ces executions était probablement plus économiques, afin de faire de faire revenir les chasseurs de baleines basques de leur campagne de pêche (leur efficacité irritait beaucoup les partenaires étrangersdu royaume) et/ou encore pire de contrôle des [femmes pyrénéennes qui jouissaient de libertés](http://cqfd-journal.org/Dans-les-Pyrenees-la-liberte) insupportables au patriarcat. **Les moines copistes** On a tous plus ou moins conscience de la révolution de l'écriture dans l'histoire de l'humanité. Une autre étape a été franchie lorsque la copie de ces textes fut quasi-industrialisée dans des abbayes ou des femmes et des hommes copiaient inlassablement les ouvrages existants, puis industrialisée avec la création de l'imprimerie et enfin follement accélérée par l'arrivée des ordinateurs et des internets. Aujourd'hui ces moines copistes sont des informaticiens, et l'informatique n'est que question d'écriture de 0 et de 1, et parmis elles, certaines pratiquent leur art avec une éthique du partage et des communs. Ce sont les libristes, [elles font fonctionner des réseaux](https://www.ffdn.org/), [écrivent des logiciels](https://april.org/), hébergent des [services sans surveillance](https://framasoft.org/fr/), compilent [des savoirs pour survivre au manque à venir d'énergie](https://solar.lowtechmagazine.com/) **Géographie anarchiste et fin de la compétition** L'arrivée de l'informatique a permis de prendre et compiler des mesures de notre environnement plus massives que jamais dans l'histoire de l'humanité. C'est ainsi que l'on s'est aperçu du réchauffement ultra-rapide de la planète, de la responsabilité des activités humaines dans ce processus que l'on nomme d'un mot emprunté à la géologie: l'anthropocène. Déjà à la fin du 19ème siècle, [Elisée Reclus](https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lis%C3%A9e_Reclus), géographe, faisait remarquer qu'on avait cartographié l'entièreté de la terre. Aussi peut-on parier qu'à partir de ce moment s'est amorcé un virage, nous sortant de la compétition pour la coopération et le partage.